La maladie rénale chronique ou MRC est un terme générique qui désigne une perte de fonction rénale progressive et irréversible.
Lorsqu’ils fonctionnent correctement, les reins filtrent le sang afin d’éliminer un grand nombre de déchets de l’organisme dans les urines. Ces déchets proviennent de l’alimentation, de cellules en fin de vie, des toxines, des médicaments. Lors de ce processus de filtration, les reins conservent les substances bénéfiques à l’organisme et équilibrent également la quantité d’eau contenue dans l’organisme en ajustant la quantité d’urine produite. Les reins participent également à la régulation de la pression artérielle, du métabolisme du calcium et du phosphore et à la stimulation de la production de nouveaux globules rouges.
Le rein est constitué de milliers d’unités fonctionnelles appelées des néphrons. Lorsque l’animal est en bonne santé, tous les néphrons ne travaillent pas en même temps, certains sont gardés en réserve. Lorsque les reins sont endommagés, les néphrons gardés en réserve se mettent en activité pour compenser le travail de ceux qui sont perdus. Si tous les néphrons travaillent et que les reins continuent à se détériorer, ils vont devoir travailler plus intensément que la normale, ce qui à long terme va les endommager plus rapidement.
Les chiens et les chats d’âge avancé sont plus souvent touchés par la MRC. Cependant, des animaux de tout âge peuvent être concernés par cette maladie.
Il est parfois difficile d’identifier la cause d’une MRC au moment du diagnostic. Les causes spécifiques qui peuvent toutefois être rencontrées sont : anomalies congénitales, maladies infectieuses, immunitaires, tumeurs, calculs, séquelles d’une insuffisance rénale aiguë.
Les symptômes de MRC sont en général tardifs dans l’évolution de la maladie. En effet, la perte de fonction est en général très progressive, ce qui laisse le temps à l’animal de s’y adapter.
Le premier symptôme est souvent une augmentation de la prise de boisson et de la production urinaire. Ce signe doit immédiatement conduire à consulter votre vétérinaire, même si l’animal semble très bien aller par ailleurs.
Plus tard, des signes plus inquiétants comme un abattement, un amaigrissement, une baisse d’appétit, des vomissements, de la diarrhée sont rencontrés. Moins fréquemment, une cécité d’apparition aiguë (causée par l’hypertension), des ulcères buccaux, des fractures pathologiques, des hématomes peuvent apparaître.
Un diagnostic de MRC repose sur un bilan sanguin et urinaire qui peut montrer :
Des tests plus poussés sont souvent nécessaires pour comprendre la cause de la MRC et la caractériser correctement :
Le traitement de la MRC ne peut pas guérir l’animal. Il vise à freiner son évolution et à prendre en charge les complications. Le traitement est individualisé à chaque animal, il dépendra du stade de la maladie ainsi que de son bilan diagnostique.
Alimentation
Un régime alimentaire spécifique est habituellement prescrit. Les protéines sont en quantité réduite mais de haute qualité, afin qu’elles produisent le moins de déchets possible pour les reins. La teneur en phosphore est aussi nettement réduite, car ce dernier est éliminé par les reins. Enfin, il est supplémenté en certains acides gras essentiels, vitamines et à teneur réduite en sodium.
Régulation du phosphore
Malgré la consommation d’un aliment à teneur réduite en phosphore, sa concentration sanguine est parfois trop élevée. Certains médicaments appelés chélateurs du phosphore peuvent alors être prescrits (parmi eux le carbonate de calcium, l’hydroxyde d’alumine ou le lantharénol).
Antihypertenseurs
De nombreux animaux insuffisants rénaux sont hypertendus. Cela conduit à une progression plus rapide de la MRC et plus rarement à une cécité d’apparition aiguë (décollement rétinien). La tension peut être mesurée chez le chat et le chien, de préférence à plusieurs reprises avant d’entamer un traitement car le stress de la consultation peut mener à de « fausses » élévations de la tension. Plusieurs médicaments antihypertenseurs sont disponibles : l’énalapril, le bénazépril et l’amlodipine sont fréquemment utilisés.
Diminution de la protéinurie
La protéinurie favorise une évolution plus rapide de la MRC. Lorsqu’elle est permanente, elle doit être traitée. Les médicaments utilisés en première intention sont les inhibiteurs de l’enzyme de conversion. L’énalapril et le bénazépril sont le plus fréquemment utilisés, même lorsqu’il n’y a pas d’hypertension. S’ils sont insuffisants aux doses maximales autorisées, d’autres médicaments peuvent être ajoutés sans que beaucoup de recul n’existe sur leur utilisation (antagonistes des récepteurs de l’angiotensine : telmisartan, losartan notamment).
Supplémentation en potassium
Lorsque la concentration sanguine en potassium est diminuée, une supplémentation est nécessaire. Elle peut se faire par perfusion à la clinique ou par voie orale à la maison. Plusieurs formes sont disponibles. La concentration de potassium doit être contrôlée afin d’ajuster la dose du supplément.
Anémie
Lorsque l’anémie est trop marquée, qu’elle représente un danger ou qu’elle altère de manière significative la qualité de vie de l’animal, son traitement est indiqué. On utilise de l’érythropoïétine (EPO) humaine injectable. Les injections sont hebdomadaires au départ puis sont espacées. Ce traitement est efficace, mais nécessite des contrôles fréquents et plusieurs complications sont possibles. C’est pourquoi il n’est entrepris qu’en cas de réelle nécessité.
Fluides sous-cutanés
Il arrive parfois qu’un animal ne soit pas capable de se maintenir correctement hydraté s’il ne boit pas suffisamment face à une production urinaire trop importante. Il peut être judicieux d’administrer des fluides par injections sous-cutanées. Ceci est en général réalisé par le propriétaire directement au domicile.
Le pronostic de la maladie rénale chronique est toujours réservé, car il s’agit d’une maladie incurable et progressive. Sa prise en charge vise essentiellement à traiter la cause, lorsqu’elle est identifiée, à ralentir la progression de la maladie et traiter les complications. Ainsi, une bonne qualité de vie peut être assurée pour une durée variable en fonction des individus : de quelques mois à quelques années.
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